Article repris du site internet Lemonde.fr
Shampooings, lotions, lingettes….Une grande majorité de produits cosmétiques utilisés en France pour la toilette des bébés contiennent des substances présentant un « risque élevé », alerte l’organisation non gouvernementale Women in Europe for a Common Future (WECF), dans une étude à paraître lundi 15 février.
L’association, qui repose sur un réseau de 150 organisations environnementales et féminines présentes dans 50 pays, a passé au crible 341 produits cosmétiques pour bébés vendus à l’été 2015 dans les pharmacies, parapharmacies, supermarchés et magasins biologiques en France. Sur ce panel, 299 sont composés d’ingrédients « à risque élevé » selon les critères des autorités sanitaires de l’Union européenne (comité scientifique pour la sécurité des consommateurs, SCCS) et française (Agence nationale de sécurité du médicament, ANSM).
Dans le détail, ont été trouvés dans les ingrédients « à risque élevé » :
- Un allergène par contact (la méthylisothiazolinone) dans 19 produits dont sept lingettes
- Un conservateur soupçonné d’effets toxiques sur la reproduction (le phénoxyéthanol) dans 54 produits dont 26 lingettes
- Des parfums dans 226 produits, impliquant des risques potentiels d’allergies
WECF a en outre retrouvé quatre ingrédients ou familles d’ingrédients classés à « risque modéré » dans 181 produits :
- L’EDTA, un composé très présent dans les produits moussants (shampoings et bains), dans 87 produits, dont 30 lingettes
- Des sulfates (laureth et lauryl sulfate), qui sont des agents moussants potentiellement irritants, dans 50 produits, en grande majorité des produits pour le bain et des shampooings
- Des huiles minérales, issues de la chimie du pétrole, pouvant être contaminées par des impuretés, dans 30 produits, majoritairement des crèmes et lotions
- Des nanoparticules, « dont les effets sont encore mal évalués », dans 14 produits solaires.
La peau du bébé, particulièrement fragile
WECF demande « l’interdiction des trois ingrédients à risque élevé dans tous les cosmétiques destinés aux enfants de moins de trois ans. » « On a été très surpris par l’omniprésence de parfums dans la quasi-totalité des produits » alors que cet ingrédient superflu peut causer des allergies par contact, a souligné Elisabeth Ruffinengo responsable projets santé-environnement de WECF.
Or la peau du bébé et du jeune enfant est particulièrement fragile rappelle l’ONG :
« Son pH est neutre durant les premières semaines et elle n’est pas encore protégée par le film hydrolipidique qui met les cellules à l’abri des influences extérieures. Elle est aussi plus perméable que celle de l’adulte, car les cellules de l’épiderme ne sont pas encore suffisamment soudées les unes aux autres, explique le communiqué. »
Les lingettes pour bébés, particulièrement incriminées par l’étude, avaient déjà été pointées du doigt en octobre 2013 par l’UFC-Que Choisir.
L’association de consommateurs avait testé 27 lingettes pour bébés et constaté que 94 % d’entre elles étaient potentiellement nocives.